Les techniques culturales d’entretien des vergers au fil des saisons
Les techniques culturales d’entretien des vergers varient en fonction de la saison. Il est important d’adapter les pratiques en fonction des conditions météos et de la progression végétale des arbres fruitiers. Mais, en général, on convient de la trame générale suivante :
En HIVER
- La taille des arbres pour favoriser une bonne croissance et une bonne production de fruits. Elle permet de supprimer le bois mort, d’éliminer les gourmands, de corriger la structure et de réguler la charge afin d’éviter l’alternance de production.
- La préparation du sol pour la plantation de nouveaux arbres à l’automne suivant.
Au PRINTEMPS
- La taille des arbres de certaines espèces qu’il est possible de « tailler en vert ».
- La fertilisation pour fournir aux arbres les nutriments dont ils ont besoin pour une croissance saine.
- La gestion de l’herbe pour réduire la compétition pour les nutriments et l’eau.
- L’irrigation pour lutter contre la soif et éviter le stress hydrique des arbres.
- La gestion des maladies et des ravageurs pour protéger les arbres contre les dommages.
En ÉTÉ
- L’irrigation pour lutter contre la soif et éviter le stress hydrique des arbres.
- La gestion des maladies et des ravageurs pour protéger les arbres contre les dommages.
- La récolte des fruits mûrs et leur stockage approprié.
En AUTOMNE
- La récolte des fruits de saison.
- La gestion de l’herbe pour réduire la compétition avec les arbres.
- La fertilisation pour préparer les arbres pour l’hiver.
- La préparation du sol et le piquetage des jalons pour la plantation de nouveaux arbres.
Nos activités d’entretien des vergers du Domaine de Braux
Dépendant de la nature, notre activité est fondamentalement collée au fil des mois qui passent et des saisons qui défilent.
Afin de mieux comprendre le déroulé, nous commencerons l’année au 1er novembre.
Toutes les dates seront bien sûr approximatives, car c’est vraiment la nature qui décide, et la météo qui régule.
Je me souviens de mon père nous expliquant : « Je n’ai pas d’agenda, j’ai une météo… »
Nous allons donc évoquer la taille, l’entretien, les récoltes, et non moins important la mise en réserve.
La Taille des arbres fruitiers
Les feuilles chutent donc en Automne… (Bravo, quelle découverte…)
C’est donc le moment d’observer les arbres mis à nus, et leur structure.
Le tronc, les charpentières, desquelles partent successivement les différentes ramifications appelées « mères », « sous-mères », « fruitières ».
Adhérent de nombreuses associations, le Domaine de Braux bénéficie des conseils et de l’appui technique de professionnels, techniciens de grandes valeurs, dont la longue expérience et les compétences incontestables nous permettent d’établir ensemble un diagnostic très précis.
La stratégie commerciale de l’exploitation commence à ce moment, car nous allons définir quelle parcelle sera destinée à fournir tel ou tel marché. En effet, la façon de tailler les arbres variera en fonction du mode de récolte, mécanique ou manuelle, et donc de la destination des fruits, vers les marchés du frais – fruits de bouche – ou de l’industrie, comme les conserves ou les bocaux, la surgélation ou la purée.
Aussi, au-delà de la correction de la structure (pour apporter le maximum de lumière au centre de l’arbre…) ou de la suppression de certains gourmands, par exemple, la taille nous sert à réguler la charge et à éviter le phénomène d’alternance.
Réfléchissant à long terme, nous sécurisons notre production des années à venir en organisant une charge régulée au fil des saisons, plutôt que de laisser les arbres en surcharge une année, puis de constater son épuisement qui conduit forcément l’année suivante à une année de faible, voire de très faible production. Et le schéma pouvant se répéter…
Ce sont ainsi nos vergers de Mirabelliers, de Cerisiers, de Poiriers, de Pêchers, qui accueillent avec bienveillance nos équipes de tailleurs, armés de leurs sécateurs pneumatiques. En gros, ce sont presque 3 000 heures de taille annuelle, représentant le poste le plus chronophage – et le plus onéreux – de notre activité d’entretien.
Il faut saluer le courage de nos tailleurs, je dis bien le courage, car il faut s’imaginer les conditions climatiques de notre belle Lorraine, et lorsque le jour se lève à peine, qu’il fait quelques degrés au-dessus de zéro et qu’il pleut, il faut vraiment être courageux pour rester 8h d’affilé dehors à passer d’arbres en arbres, de lignes en lignes, de vergers en vergers.
Et les tailleurs sont suivis de près par une autre équipe, armée de perches à crochet, qui va décrocher les branches coincées dans l’arbre, puis séparer les branches dont la section sera valorisable en bois de chauffage. Le petit bois et autres brindilles seront rassemblés dans l’inter-rang, en andains, et seront broyés sur place pour apporter de la matière organique en se décomposant.
La taille, phase déterminante, nous occupe donc de la chute des feuilles à la reprise de la végétation, soit du 1er novembre au 15 mars. (Approximativement, car à nouveau, c’est la nature qui commande.)
L’entretien des vergers
Et très vite vient le printemps, et dès que les tracteurs peuvent rentrer dans les vergers, dont le sol n’est plus détrempé par les pluies de l’hiver, nous passons le broyeur, attelé derrière le tracteur, et qui va éclater, pulvériser le bois de taille, le laissant se décomposer sur place.
A Boucq, les milliers d’arbres plantés depuis 1964 représentent 80 km d’allées.
Comme il faut passer 3 fois pour couvrir toute la surface, (largeur du broyeur limitée) se sont 240 km qu’il faut parcourir, à 3km/heure…
Il y a également les soins que nous apportons à nos arbres puis à nos fruits par les apports phytosanitaires, raisonnés et respectueux de la nature avec nos cahiers des charges stricts.
En la matière, la France et la Lorraine n’ont de leçons à recevoir de personne. A l’ère du tout bio, sans vouloir ouvrir de polémique, je ne me cache pas derrière mon petit doigt.
L’agriculture moderne est réfléchie.
Les hommes qui la composent ont eux aussi des enfants, aiment comme tout le monde notre planète, sont peinés comme tout un chacun de constater les abus, sont responsables, ont souvent de multiples compétences, notamment en matière de comptabilité.
Nous constatons régulièrement des procès d’intention, ou l’agriculteur est présumé coupable, condamné sans procès d’être pollueur-empoisonneur.
Réfléchissons ensemble et comparons une situation de bons sens.
Je ne me lève pas tous les matins en prenant du paracétamol au cas où j’aurais mal à la tête !
Et si d’aventure de temps en temps j’ai une migraine, j’ai appris qu’il fallait prendre tel médicament, testé, agréé, autorisé, en vente chez des spécialistes, et en telle quantité, pendant telle durée.
Et si c’est plus grave, je suis le schéma médecin-ordonnance-pharmacie.
Nous, professionnels, réagissons à l’identique.
Pas de traitements sans nécessité. Et si nous devons réaliser une couverture phyto, elle respectera les règles, les quantités, les doses, les dates, la météo, et toutes les prescriptions pour sa mise en œuvre.
Et au-delà de cela, pour éventuellement laver les soupçons en culpabilité, il suffit d’additionner les coûts d’une protection phytosanitaire : coût des produits, coût de l’eau, coût d’utilisation du tracteur et du pulvérisateur – heure de main d’œuvre et du Gasoil – pour comprendre que nos applications ne se font que de manière raisonnée.
Il faut aussi désherber au pied des arbres, afin d ‘éliminer la concurrence herbacée, car dans le cas de petite pluie, c’est l’herbe qui en profite, captant l’apport bénéfique de l’eau sans en laisser à l’arbre…qui en a besoin, lui aussi.
Au Domaine de Braux, parce que nous sommes responsables, c’est en conscience que nous avons anticipé la réglementation en testant depuis 2016 des solutions de désherbage mécanique.
Mais l’herbe est aussi un allié ! alors nous la choyons. Dans un premier temps, nous passons le broyeur pour faire disparaitre les résidus de bois de taille, puis nous fauchons l’herbe lorsqu’elle est suffisamment haute, et rassemblée en andain, nous la pressons en ballots qui seront peut-être brulés lors d’une éventuelle lutte antigel au cours de la floraison suivante pour sauver la saison.
Il faut aussi prendre soins des jeunes vergers, car les arbres, comme tout organisme vivant, nécessitent une attention particulière dans leurs premières années.
Les Récoltes de fruits
Il s’agit désormais de recruter… avec pour la Mirabelle, plus de 100 saisonniers.
Oui, plus de 100, car en Mirabelles notamment, nous avons 2 types de récolte.
La récolte mécanique des fruits d’abord, pour les marchés de l’industrie : surgélation, bocaux, purée, confiture, yaourt… Nous bénéficions d’une longue expérience en la matière, et la mécanisation de la récolte est un process en continuel développement. Un petite équipe de 15 personnes est dédiée à ce mode de récolte.
Encadrés par des chefs d’équipes, ils cueillent les fruits en les manipulant le moins possible. En effet, il faut laisser la pruine qui enrobe la mirabelle, véritable protection naturelle qui lui assure une meilleure conservabilité, et puis, sitôt cueillie, sitôt expédiée.
En Cerises et en Pêches et Poires, la récolte est exclusivement réalisée manuellement. Mais ils ont aussi leur particularité.
Parce que nous avons 16 variétés de Cerises et autant de Pêches et Nectarines, nous récoltons ces 2 fruits entre fin mai et début août, assurant les clients de notre vente directe dans notre Relais Miam à Flirey, village voisin, de fruits toujours cueillis à parfaite maturité.
Pour ces récoltes, nous engageons des saisonniers en quantités moindres, mais disponibles et sachant passer entre les gouttes, c’est le cas de le dire, car il faut accepter les contraintes de la météo, puisque nous ne récoltons pas les fruits mouillés.
Enfin, après les Mirabelles du mois d’Août, vient le mois de septembre et ses Pommes et ses Poires.
Ainsi, de mai à septembre, nous récoltons nos fruits, destinés à la consommation courante et disponibles en circuit court à Boucq, au siège de l’exploitation, à Beaumont, exploitation secondaire, et à Flirey 24 heures sur 24 et 7/7 dans notre distributeur automatique de produits régionaux, dans lequel vous retrouverez nos fruits, nos jus, nos nectars, nos confitures, nos gourdes, mais aussi des légumes, des produits laitiers, de la viande et des volailles de nos partenaires sélectionnés pour avoir la même vision qualitative.
La mise en réserve pour la recharge en minéraux des arbres fruitiers
Après la Récolte, le cycle recommence. Les arbres se mettent progressivement en repos, et les hommes les entretiennent.
Cela commence par le nettoyage des vergers, c’est à dire le tronçonnage de certaines branches cassées, ou pire par le tronçonnage de l’arbre entier, dans le cas de maladies, ou d’un arbre fendu au niveau des charpentières…
Bien sûr nous remplaçons ces arbres, car espacées de 8m en 8m pour les mirabelliers, c’est 64 m2 au sol qu’ils occupent… un grand 2 pièces en ville…
C’est donc la préparation du sol et la réimplantation.
Personnellement, je ne me nourris pas que d’eau. Les arbres non plus.
Comme lorsque mon chien a bien travaillé, je lui donne un morceau de fromage ou quelconque friandise, lorsque mes arbres ont bien donné, je leur donne de l’azote et du phosphore. C’est la mise en réserve (au printemps, ils reçoivent un peu de potassium).
La mise en réserve d’éléments par fertilisation foliaire assure une bonne nutrition à l’arbre pour l’année suivante.
Le Domaine de Braux fêtera prochainement ses 60 ans.
Bien.
Cela implique que, si les hommes qui le composent gagnent en maturité, 😉 les arbres eux, vieillissent et doivent être remplacés.
Planter un Verger est un acte lourd de conséquences. On s’engage en effet pour un demi-siècle… Ce n’est pas rien.
Alors la réflexion, l’anticipation, la vision, le pif, l’expérience, la chance, et bien d’autres facteurs sont passés dans une moulinette et tout cela devient une parcelle sur nos coteaux Lorrains, agrémentée de magnifiques arbres dont les fruits régaleront nos enfants pour des décennies.
Quelle chance j’ai de faire un si beau métier !