Nos Mirabelles de Lorraine du Domaine de Braux
Le fruit d’or amené d’Orient
Par sa finesse, son parfum, sa couleur, la mirabelle mérite bien son surnom de fruit d’or. Comme si elle voulait donner la réplique aux grilles de la place Stanislas à Nancy, centre géographique d’une production presque clandestine : 8 000 tonnes par an en moyenne ; c’est peu comparé à d’autres productions fruitières au plan national ou mondial.
Si la Lorraine est devenue sa terre d’élection, c’est pourtant plus à l’histoire qu’à la géographie qu’elle le doit. Certes les arbres prospèrent sur les coteaux de Meuse et du Toulois grâce à une bonne exposition à l’abri des gelées printanières. Mais en fait c’est dans les bagages des Croisés qui la découvrirent en Orient que la mirabelle parvint jusqu’en Lorraine. René d’Anjou, duc de Lorraine fut sans doute à l’origine de son implantation dans notre région.
Le verger lorrain c’est par la suite développé en profitant parfois du malheur des autres.
Le rigoureux hiver de 1879 où tous les quetschiers gelèrent à mort, et surtout le phylloxera au début du XXème siècle qui réduisit le vignoble à une peau de chagrin, le tout laissant le champ libre au mirabellier, plus résistant.
Mais le triomphe définitif du mirabellier, c’est le législateur qui le lui apporta sous la forme d’un décret qui en 1953 réglementait l’appellation « mirabelle de Lorraine », puis l’IGP en 1996.
La mirabelle est meilleure en Lorraine. Pourquoi ? Mystère !
Comme pour les grands crus de vin, on ne sait pas vraiment pourquoi.
On évoque évidemment le terroir, et le climat lorrain, qui apporte au verger la chaleur de la journée et la fraîcheur de la nuit. C’est donc bien sur la terre de Lorraine que la mirabelle a pu développer toutes les qualités gustatives et aromatiques qui la rendent unique au monde. En théorie, on peut bien sûr tenter de l’implanter ailleurs, mais ça ne donnera jamais, comme le disait Michel Denizot avec le sourire, « que de la prune à cochon ! ».
La mirabelle du Domaine de Braux… À la recherche d’un fruit d’exception
Car le domaine de Braux est né de la volonté de mon père, creusois d’origine, et qui est tombé sous le charme de la région, de ses habitants, et de ses produits du terroir dans l’immédiat après-guerre. La Lorraine était un peu dans la corbeille de son mariage avec ma mère, dont la famille possède des terres depuis plusieurs générations (on retrouve des baux relatifs au domaine de Braux depuis 1480. Les documents, datés au plus loin dans l’histoire, laissent à penser qu’il y eut toujours des mirabelliers. C’est d’ailleurs en mémoire d’un de mes aïeuls, Charles Hubert de Piat de Braux, habitant à Boucq au 18ème siècle, que mes parents donnèrent le nom du « Domaine de Braux », et à la gamme des eaux de vie du « Baron de Braux ».
Mon père fut l’un des premiers à penser une agriculture moderne et raisonnée, respectueuse de notre environnement. Il plante ses premiers mirabelliers au carré, en 8 mètres sur 8 mètres, soit 64m2 par arbre !
Il lui fallut faire preuve de beaucoup de patience, quand on sait qu’il faut attendre près de 7 années pour que l’arbre produise ses premiers fruits , et 15 ans avant qu’il devienne adulte avec une durée de vie moyenne de l’ordre de 50 ans environ.
Avec le concours de la chambre d’agriculture et de l’INRA qui l’a conseillé dans les méthodes de culture Michel Denizot a pu, après le remembrement de 1970, réorganiser son exploitation et rationaliser la plantation de ses vergers.
Parfaitement exposé sur nos coteaux du Toulois, son premier verger fut bientôt rejoint par 11 autres, plantés jusqu’en 2001, pour former l’une des plus importantes exploitations de Mirabelles de Lorraine.
Il avait notamment créé un verger, un grand verger de mirabelles de Metz, plus petite, charnue et parfumée, idéale pour la distillation, car son petit noyau lisse se détache facilement lorsqu’elle est mûre.
Des fruits et encore des fruits en complément des mirabelles
J’ai rapidement secondé mon père et je suis aujourd’hui à la tête de la société. Le domaine de Braux compte 3 salariés permanents, et embauche plus de cent saisonniers pour les récoltes fruitières. Car désormais ce sont des Cerises, des Poires, des Pêches qui sont récoltées tout au long des belles saisons. Pendant la dernière décennie, j’ai en effet mené une opération de diversification, en plantant une vingtaine d’hectares supplémentaires avec d’autres fruits.
Paradoxalement, l’une de mes premières décisions importantes fut…d’arracher, pour replanter, le choix s’étant porté sur des cerisiers.
Planter un verger est un travail manuel de longue haleine
Mais si ces 3 mots « arracher pour replanter » se disent en un claquement de doigt, pensez que c’est une opération menée entre 2009 et 2014. La première action consiste en l’abattage et le dessouchage, et l’évacuation des 200 stères de bois. Très dense, le mirabellier est un merveilleux bois de chauffage à fort pouvoir calorifique.
Puis il faut laisser la terre au repos : 3 saisons pendant lesquelles les vaches des voisins entretiennent en broutant l’herbe, et apportent de la matière organique en l’évacuant naturellement.
Après décompactage, labourage et affinage, nous avons semé du sorgho, non pour sa culture, mais pour le broyer sur place, en engrais vert. Sa décomposition dans le sol libère des molécules cyanhydriques qui ont un effet fongicide. Son enfouissement en fin de cycle a stimulé la vie biologique en apportant de la matière organique.
Puis vient le piquetage, c’est-à-dire la mise en place des piquets à l’endroit précis ou seront plantés les arbres. C’est une opération minutieuse, pendant laquelle nous parcourons des kilomètres, car il faut tendre les ficelles, mesurer, mettre à l’équerre, planter, remesurer, déplacer, replanter…jusqu’à ce que les centaines d’arbres soient parfaitement alignés, dans l’axe, et dans toutes les diagonales.
Souvent réalisée juste avant plantation, soit en octobre et novembre, les bottes sont bien lourdes lorsque la terre est « amoureuse ».
Seulement après, nous pouvons planter, toujours en automne, idéalement en novembre, avant les gelées. Ainsi, le scion planté en racines nues, a bien le temps de s’installer, de profiter de l’arrosage naturel de l’hiver, et arrive en pleine forme au printemps.
Après cette diversification en Cerises pour l’industrie, nous avons, avec David Verbe, porté notre choix vers les Poires. Puis, ce fut le tour des Pêches de vignes, des Cerises douces et des Pêches et Nectarines.
Encore plus de mirabelles avec de nouvelles variétés de Mirabelles
Mais comme on ne change pas son ADN, on en a profité pour glisser 2 parcelles de Mirabelles en plus. Et oui… 😉
Une plantée en mirabelle variété Heudicourt, pour environ 2ha, légèrement précoce par rapport à notre référence, la Mirabelle de Nancy.
Une plantée en 5 variétés plus tardives, toujours selon cette même référence, la Mirabelle de Nancy : Mirabelles de Saffais, Evaux, Varmonzay, Corny et Creue, pour environ 3ha. Je dois saluer ici le soutien de la Région GrandEst.
L’idée principale est d’allonger notre période de récolte. Et de coller aux envies des consommateurs.
Ode à la Mirabelle
Le fruit, roi de chez nous.
Parez de vos rayons vermeils
Ce fruit d’or, tel que vous !
Après qu’un rude hiver engourdit la nature
L’arbre s’est enrichi de sa blanche parure
Et lorsque le printemps l’eût enneigé de fleurs,
Il s’enivra de vie avec force et bonheur.
Ce jour, les fruits sont mûrs dans toute la Lorraine
Et, dans chaque verger, la mirabelle est reine.
Arbres au tronc noueux, épuisés par le temps,
Sous la côté alignés, courbant la tête au vent.